collège Philippe de Vigneulles (Metz)

CONCOURS DE LA RESISTANCE 2008-2009
Les enfants et les adolescents dans le système concentrationnaire nazi.

Ce thème est l'occasion de réfléchir sur le processus et les circonstances qui ont contribué à faire des enfants et des adolescents, les victimes au même titre que les adultes, du système concentrationnaire nazi.

Le sujet nous a particulièrement touché, parfois ému et horrifié, car chaque enfant rencontré au hasard de nos recherches a une histoire propre, nous avons retrouvé des photos, des sourires innocents , des enfants innocents qui ont pour beaucoup fini tragiquement dans les camps ou les chambres à gaz.............

Les exemples et témoignages étant très nombreux , nous avons choisi de privilégier dans la mesure du possible, les témoignages de Mosellans pour s'inscrire dans notre histoire locale et notre mémoire collective.
Vous trouverez les articles que nous avons developpés dans historique qui se trouve sur l'encart de droite ----- LES ARCHIVES DU BLOG MARS 2009 -----------
ont contribué à ce blog Colin Gauthier (3°1), De Sousa Arnaud (3°1), Demilly Guillaume (3°1) et Foutelet Pauline (3°2) .

L’état totalitaire nazi combat les ennemis du Reich.

Qui étaient emprisonnés dans les camps ?



L’état totalitaire nazi combat les ennemis de l'intérieur comme les ennemis de l'extérieur.
Une propagande active et l'embrigadement de chacun dans une organisation nazie permettent l'endoctrinement la population .
Les plus jeunes font l'objet d'une éducation nazie qui expose la grandeur de l'Allemangne et de la race supérieure ainsi que l'exclusion d'un certain nombre d'opposants ou d'indésirables.



Le premier camp ouvre en 1933 à Dachau, il est destiné à la mise à l’écart des opposants politiques comme les communistes, syndicalistes ou les résistants. Très rapidement, les camps répondent à l’idéologie nazie de pureté des races en y enfermant les « nuisibles » : les "dégénérés" comme les malades mentaux,les handicapés moteurs, les alcooliques ...... les "déviants" avec notamment les homosexuels, puis les juifs, tsiganes et autres «races» considérées comme inférieures selon la théorie de race aryenne, notamment les slaves ou les Polonais. Dans un premier temps, les camps répondent à une démarche de rééducation et d’exclusion.


Avec la guerre, les détenus des camps de concentration sont voués à une morte lente par un travail harassant et de très mauvaises conditions de détention.








A partir de 1942, à la conférence e Wannsee est décidé « la solution finale de la question juive » ; les juifs sont alors estimés à 11 millions par Heydrich.




L’extermination des juifs est estimée entre 5 à 6 millions , celle des tsiganes entre 200 000 et 500 000.






document 1: extrait d'un livre destiné aux enfants . on peut lire "Les Juifs sont notre malheur” et “Comment le Juif triche.” Allemagne, 1936.

document 2 : Enfants allemands lisant un livre de propagande antisémite intitulé DER GIFTPILZ ( “Le champignon vénéneux”). La fille sur la gauche tient un complément, dont le titre traduit est “Ne faites pas confiance au renard.” Allemagne, vers 1938.

Document 3 : carte des camps de concentration det d'extermination.

document 4 :classification des insignes que portaient les prisonniers dans les camps .

camps de transit : traces et témoignages d'enfants.

On trouvait en France des camps de transit ou on parquait juifs et opposants politiques avant d'être transférés dans un camps de concentration. le plus grand de ces camps est Drancy en région parisienne . Mais d'autres ont laissé de tristes souvenirs : Pithiviers, Rivesaltes, les Miles.....


Les familles ne sont pas séparées. La vie au camps est difficile (mauvaise hygiène, sous alimentation, maladie.....) mais ne laisse en rien augurer l'horreur des camps de concentration. Un semblant de vie s'organise ..... Ces camps sont surveillés par la police française.


De 1941 à 1943, plus de 18.000 juifs, dont près de 4.000 enfants, furent internés dans les deux camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande.

camps de Beaume la Rolande

Dans un premier temps, et selon les camps, les enfants ne seront pas déportés avec leurs parents. Ils resteront donc seuls au camps. Puis devant le nombre de plus en plus grand d'orphelins et , à la demande des autorités françaises ne sachant que faire d'eux, ils seront déportés et pour la plupart gazés dès leur arrivée......
Cher tout le monde,
J'espère que vous allez tous bien.
Moi, ça va, avec un vaccin anti-staphilococcique, je crois que cela irait mieux. J'ai reçu la lettre de Papa et Lulu datée du 7. Je ne prendrai pas le temps d'y répondre de même à la lettre de Tante Julia que j'ai reçue hier. Tous ces courriers m'ont fait plaisir.
Je crois que c'est le dernier et pour cause. Cessez votre correspondance. Je vous ai écrit précédemment que je n'étais pas parti à cause de mes 15 ans et demi, avec les autres 900 hébergés, mais à présent, tout le monde, femmes, hommes, vieillards parfois, quelques malades et enfants (fillettes de 13 ans), sont embarqués...Et moi avec, je ne sais pas où. J'irai dans l'est en tout cas, ça fera mes grandes vacances. Je vais voir du pays.
Ne vous en faites pas pour ma peau. Cela ne sert à rien car la situation actuelle n'est que passagère : ce sera une aventure en plus. Mon moral est bon. Le voyage sera ennuyeux, car vous pensez comment cela va : ce n'est pas 40 hommes et 8 chevaux mais 60 hommes : c'est très drôle. Des bestiaux bipèdes.
Sur ce, je vous souhaite une bonne santé, un bon train de vie, et je vous envoie tous les baisers que je ne pourrai envoyer dans des lettres ultérieures car je ne sais pas encore si j'aurai le moyen d'écrire. Je ferai mon possible naturellement. Sur ce, au revoir tout le monde, à la prochaine. J'envoie cette lettre à tout hasard. Si il y a contre ordre, je vous écrirai immédiatement mais sur cela il ne faudra pas beaucoup compter.
Gérald Souweine, déporté depuis Pithiviers


Voici un autre témoignage , celui de Marie Jelen, 10 ans.

Marie Jelen est une petite fille de 10 ans, qui vit à Paris, dans le XIX arrondissement où le père exerçait la profession de tailleur, dans une boutique. Le magasin fut fermé en raison du Statut des Juifs et des mesures d'aryanisation.
Mais, le 16 Juillet 1942, lors de la rafale du Vel’d’hiv (la rafle du Vélodrome d'Hiver (16-17 juillet 1942), est la plus grande arrestation massive de Juifs réalisée en France pendant la Seconde Guerre mondiale), elle est arrêtée avec sa mère (la famille est d’origine polonaise et juive) :



1ère lettre :

Cher papa,
On nous emmène au Vélodrome d'hiver mais faut pas nous écrire maintenant parce que c'est pas sûr qu'on restera là.
Je t'embrasse bien fort et maman aussi, ta petite fille qui pense toujours à toi,

Marie
Mr Jelen Fresnoy, Ardennes

Puis sa mère et elle sont transférées a camps de pithiviers. Là, les conditions de vie sont difficiles pour les enfants, souvent séparés de leurs parents. Les maladies infantiles se transmettent à grande vitesse. Après la scarlatine, Marie attrapera la varicelle.
Le 31 juillet 1942, Marie est séparée de sa mère Estéra, déportée vers Auschwitz avec 358 autres femmes et 690 hommes. Ce convoi parviendra à Auschwitz le 2 août 1942. La maman de Marie fut immatriculée (entre les matricules 14156 et 14514) et mourut assez rapidement.



2ème lettre :

Mon cher papa

Je suis malade, j'ai la scarlatine, ce n'est pas très grave mais ça dure très longtemps. Il faut rester 40 jours au lit, les premiers jours on n'a pas le droit de manger, alors on boit du lait. Je suis en très bonne santé. il y a 18 jours que je suis malade. On mange bien, de la purée de pommes de terre, du riz, du vermicelle.
Je t'embrasse bien fort,

ta petite fille qui t'aime, Marie



Voici la dernière lettre de marie :


Mon cher papa
Il y a très longtemps que je n'ai t'aie pas écris parce que j'attendais la permission d'écrire des lettres. tu va pouvoir m'envoyer une réponse dans l'autre enveloppe. je voudrais si tu peux que tu m'envoie ma photos celle de maman et la tienne. il y a très longtemps que je ne t'ai pas vu. j'espère que je te reverrais bientôt. essaie de me faire sortir ainsi je serais avec toi, ici je perds toutes mes forces. J'ai beaucoup maigris, je suis encore malade, j'ai attrapé une autre maladie, la varicelle, il y a des gens qui disent qu'on va libérér les enfants qui ont moins de 16 ans. j'espère que j'aurai la réponse le plus tôt possible. Sois en bonne santé, surtout ne tombe pas malade comme moi je fais. ne t'ennuie pas comme moi car je pleure souvent en pensant à toi.
Ta petite fille qui t'aime et qui t'embrasse bien fort
Marie

Trois jours après avoir écrit cette lettre, Marie Jelen a été déportée par le convoi n°35 qui est parti de Pithiviers (France) le 21 septembre 1942. Avec elle, 1015 autres personnes, entassées dans des wagons à bestiaux. Il y avait 163 enfants parmi eux car aucun enfant de moins de 16 ans n'a été libéré. Le convoi est arrivé à Auschwitz le 23 septembre 1942.

210 hommes et 144 femmes ont été sélectionnés pour le travail à l'arrivée au camp. Parmi eux, 23 seulement étaient encore en vie en 1945. Mais tous les enfants et la plupart des adultes ont été immédiatement conduits vers les chambres à gaz.


La petite Marie Jelen, qui se préparait à fêter son 11ème anniversaire (Elle était née le 20 octobre 1931) est morte gazée à Auschwitz, le 23 septembre 1942.

les enfants d'Izieu

C' est en mars 1943 que Sabrina et Miron Zlatin ont ouvert la maison d'Izieu.
Rien ne les préparait à créer un « home » d'enfants. Miron était ingénieur agricole, Sabrina, peintre, mais infirmière militaire depuis le début de la guerre. Jeunes étudiants, ils avaient fui la Pologne, rêvant d'un pays sans pogrom, sans antisémitisme. D'un pays où les Juifs sont des citoyens comme les autres. Et bien sûr ils avaient choisi la France, la terre de la Révolution et de la déclaration des droits de l'homme.
Mais les choses s'étaient très vite gâtées : naturalisés depuis peu,ils durent abandonner leur exploitation agricole dans le Nord, à Landas, et fuir en Juin 1940 devant les blindés allemands qui enfonçaient les lignes françaises à une vitesse terrifiante.
Ils gagnèrent la zone sud et s'installèrent dans une petite ferme près de Montpellier. Sabrina travaillait comme infirmière à l'hôpital militaire jusqu'au jour où elle fut renvoyée parce qu'elle était juive.
A Montpellier, Sabrina Zlatin entend parler des camps d'internement tout proche d'Adge et de Rivesaltes. Comme elle n'a peur de rien, elle s'engage comme assistante sociale à la préfecture et décide d'arracher les enfants des camps. La loi autorise à sortir ceux qui ont moins de quinze ans à condition qu'ils aient un « certificat d'hébergement » délivré par la préfecture. Or justement à la préfecture de Montpellier, MM. Benedetti et Friderici font tout pour aider les Juifs et fournissent les certificats nécessaires à la libération des jeunes internés. Munie de ces précieux papier, Sabrina va deux à trois par semaine à bicyclette ou en camionnette chercher les petits à Agde puis à Rivesaltes. Rien n'arrêtait Sabrina Zlatin. Quand les enfants n'avaient pas de permis ou qu'ils avaient dépassé l'âge légal, elle graissait la patte des gardiens et les sortait quand même. Et comme la préfecture de l'Hérault était bienveillante et donnait généreusement les précieux certificats, Sabrina Zlatin ouvrit avec l'O.S.E. une maison d'enfants à Palvas où les petits rescapés des camps étaient acceuillis, soignés, épouillés, lavés avant d'être dirigés vers l'une des nombreuses maisons d'enfants de L'O.S.E. en zone libre.
En novembre 1942, la zone libre est occupée. Les Allemands sont partout. Une antenne de la Gestapo s'installe à Montpellier. L'O.S.E. évacue la maison de Palvas, et emmène une partie de ses protégés dans un château, près de Lodève. Le bureau de Montpellier est précipitamment fermé et Sabrina se heurte un jour à une porte close. Que faire ? Une quinzaine d'enfants et quelques moniteurs venus de Palvas ne savent pas où aller. Miron et Sabrina se sentent pris au piège. Ecrasés par la charge de ces enfants qui s'accrochent à eux. Mais comment les abandonner ? Eux dont la vie n'a été qu'une longue suite de séparations et d'angoisses ? Il faut faire face. Poursuivre le sauvetage commencé dans les camps. Trouver des caches à l'abri des Rafles. Et vite.

En mars 1943, Miron et Sabrina Zlatin accompagnés de trois ou quatre monitrices arrivent enfin à Izeu avec une quinzaine d'enfants. Le petit noyau grossira vite : les maisons de l'O.S.E. sont presque toutes fermées, la chasse aux Juifs s'intensifie, les enfants à cacher sont de plus en plus nombreux et les Zlatin héritèrent à Izeu de ceux qui n'ont pas pu être recueillis au milieu chrétien. L'été 1943, la grosse ferme abritera jusqu'à soixante pensionnaires ! Les arrivées et les départs se succèdent et, de mars 1943 à avril 1944, près de cent enfants ont trouvé refuge à Izieu. Ils restent quelques semaines ou quelques mois, rarement plus longtemps. Les plus chanceux sont repris par leur famille quand elles ont trouvé un endroit sûr. D'autres sont placés par Sabrina Zlatin dans des collèges catholiques de Montpellier ou de Lyon. Certains grands sont emmenés en Suisse grâce aux éclaireurs Israélites ou à des filières de L'O.S.E. A Izieu les enfants mangeaient à leur faim.



Miron sillonnait le pays avec sa remorque accrochée à son vélo et allait de ferme en ferme acheter ce qu'il fallait pour nourrir sa nombreuse marmaille. Pierre Marcel Wiltzer, le sous-préfet de Belley, avait obtenu pour eux une vingtaine de cartes d'alimentation. L'U.G.I.F. Envoyait de l'argent mais les denrées étaient rares et les enfants trop nombreux. Nourrir, rassurer, jouer, chante, câliner, fêter les anniversaire, raconter des histoires le soir : il fallait faire de cet exil une vie presque normale. Et pour cela, assurer la scolarité des enfants.
Le 6 avril au matin la colonie était au grand complet pour ce premier jour des vacances de Pâques. Léon Reifman était allé chercher Max Balsam et Maurice Gerenstein à la sortie du collège de Belley. Fritz Loebman, un adolescent d' Izieu qui travaillait depuis quelques semaines dans la ferme de Lucien B., était rentré à la colonie pour le week-end. Le coup de filet de Barbie sera fructueux. Et pour cause. Tout porte à croire que Barbie, ou l'un de ses hommes, a été « renseigné » par ce Lucien B., un agriculteur lorrain installé depuis 1942 à Brens, à quelques kilomètres d' Izieu. Et c'est donc le 6 avril 1944, que quarante-quatre enfants juifs ont été raflés à Izieu, un village de l'Ain où ils se cachaient avec leurs éducateurs. Dans la grande maison à la lisière des bois, ils avaient retrouvé les occupations et parfois même les rires de leur âge. Jusqu'à ce matin de printemps où deux camions surgirent sur la terrasse. Ils furent tous exterminer à Auschwitz.





Quarante-quatre enfants voulaient vivre. Quarante-quatre espoirs. Quarante-quatre promesses. Corps calcinés. Réduits en cendre. Quel était leur crime ? Etre nés juifs.

« Le voyage sans retour des enfants d' Izieu » de Catherine CHAINE édition GALLIMARD

1.U.G.I.F : (union générale des Israélites de France), fondée par le gouvernement français en novembre 1941 sous la pression des allemands. Tous les Juifs français et étrangers evaient s'y inscrire. Et toutes les associations juives de bienfaisance devaient y adhérer. Le rôle de L'U.G.I.F fut complexe et controversé.

Les jeunes résistants déportés

Pour les résistants, la répression s’est intensifiée à partir de 1944 et a concernée , de plus en plus d' adolescents.



Sur les 88 000 déportés de France comme déportés politiques ou déportés résistants, environ 2 500 avaient moins de 18 ans . Il s’agissait surtout d’adolescents entre 16 et 18 ans (93% de garçons et 7% de filles). le plus jeune résistant déporté, Pascal Lafaye avait 15 ans et faisait partie du groupe rennais de Guy Faizant, lui même 16 ans et demi lors de son arrestation .
Seulement 53% d’entre eux sont rentrés de déportation.




photo une : "Ici repose, un enfant inconnu agê de 13 ans, fusillé le 24 juin 1944"
photo deux: le triangle rouge des déportés politiques c'est à dire resistants ou communistes.

arrestation et déportation : le témoignage de Monsieur Tiné.

Les raisons de mon engagements.

« Je suis né en 1926 à Woippy. Nous étions cinq enfants. J'étais le second. Chez nous, il y avait un sentiment anti-allemand très fort. On le tenait de nos parents qui avaient connu la première annexion. L’annexion de 1940, ça été la honte. On ne faisait plus partie de la France, on subissait une occupation très dure. Mais nous les jeunes, on était remonté, on était fou, on était révolté, inconscient mais on voulait défendre la France. Les Allemands nous ont renvoyé 3 mois à l’école pour nous mettre leur propagande dans la tête. Il nous obligeait à faire le salut nazi mais j’ai jamais dit « Heil Hitler », j’ai reçu des coups mais je l’ai jamais dit. On avait l’amour de sa patrie, on connaissait la Marseillaise par cœur et on la chantait. Quand on voyait un allemand, il fallait le saluer ; nous, on changeait de trottoir. Aux réunions, aux cérémonies, on n’y allait jamais. A 16 ans, on devait entrer dans une organisation de propagande allemande, la Hitler Jungen ; je suis allé aux premières réunions surtout pour regarder qui venait et pour leur casser la gueule à ceux de Woippy qui étaient là, avec les copains le soir. J’ai réussi à y échapper en devenant sapeur-pompier. En plus, ça me permettait de sortir la nuit avec mon sauf-conduit.


Mon frère René, avait 20 ans . Très vite, il entra dans le mouvement L’Espoir Français. Et moi avec lui. C’était même le chef du groupe sur Woippy. La Résistance, c’était pas comme dans la France de l’intérieur ; les Allemands étaient partout. On était près de la gare. On les harcelait sans cesse ; on entaillait les flexibles de freins des trains, on mettait du sable dans les godets de graissage, on changeait les panneaux qui indiquaient les chargements. Un jour, mon frère m’a demandé de surveiller les trains qui passaient du pont de chemin de fer qui était près de la maison, je comptais les trains, notais les heures, notais les chargements des trains de marchandises etc.…. c’était devenu ma tache.

On cherchait aussi à se procurer des armes. Mon frère, René, travaillait au dépôt militaire Sainte –Agathe de Woippy. Il faisait passer des armes par-dessus le mur et on allait les récupérer la nuit.......Les armes, on les cachait dans la cave. Mes parents se doutaient bien qu’il se passait quelque chose avec tout ce va-et-vient, mais ils ne disaient rien. …… En juillet 1941, le réseau a été vendu. Mais mon frère a pu s'échapper le soir même. Dès le lendemain, la Gestapo était là. Assez vite, on a su qu’ils étaient à l’abri de l’autre côté de la frontière, ça nous a rassuré et bien sûr, on n’a rien dit aux Allemands. Ils m’ont convoqué quatre fois, et une fois, bien molesté, mais nous n’avons rien dit ………. Après, mon activité diminua. Il fallait que je me tienne à carreau. J’ai continué à faire du sabotage de trains notamment. Puis j’ai rejoins mon ancien instituteur, Monsieur Copeaux, responsable du réseau de Résistance de Woippy et Maizières. J’ai contribué à distribuer des tracts, à faire passer des aviateurs et des prisonniers évadés.



En janvier 1943, j’ai été arrêté et déporté avec toute ma famille. La Gestapo nous a laissé une heure pour préparer nos sacs. Nous avons été emmenés sous la garde de SS jusqu’à la gare de marchandise de Metz. Beaucoup de monde comme nous ,« mauvais allemands-bons français » malgré la germanisation , attendaient. Après des heures , nous fumes jetés avec cris et hurlements dans des wagons archicombles……Peur et rage…..voila ce que j’ai ressenti. Le voyage dura deux jours et trois nuits pratiquement sans nourriture ni eau. Nous étions transis de froid dans des wagons glacés. Notre terminus fut la Haute Silésie Panewnick, près d’Auschwitz…. Nous arrivâmes dans la nuit et le brouillard, dans une mise en scène savamment orchestrée par les nazis, et dans un mètre de neige…..parqués dans un ancien couvent, tri, appel, couchettes en bois superposées, sac de paille en guise de matelas, couverture à partager, puces et punaises en prime……cela dura le temps de la quarantaine. puis nous avons été dirigés au camps de Franckenstein, nous étions environ 200 hommes, femmes et enfants parqués sous la même toiture. Les conditions e vie étaient les même que précédemment : mauvais lits et crasse, et un seul four pour tout le monde… maigres repas, bouillon en guise de soupe, et les fameux rutabagas….. … 12 heures de travail par jour à l’usine. Moi, je travaillais dans un atelier de réparation comme mécano, formation que j’avais suivie avant la guerre. Les patrons arboreraient les insignes nazis mais il n’était pas rare que je trouve des biscuits secs dans les véhicules que je devais réparer….. à la barbe des nazis qui nous surveillaient..

En avril 1944, je venais d’avoir 18ans et en temps que Mosellan et enfant du Reich, je devais entrer dans la Wehrmacht, certainement pour le front russe ……je refusais de signer mon incorporation,cris, menaces, je reçus des coups de pieds, de poings,…...je signais puis plus tard déchirais….. à nouveau torture, avalanches de coups,de cravaches… je sombrais dans un état de faiblesse, semi comateux… .je fus alors condamné à mort pour « faits de résistance , incitation à la rébellion et refus caractérisé de servir l'armée allemande ...» avec exécution immédiate.... Traîné dans une cellule de carrelage blanc éclaté de balle , ce carrelage est à jamais gravé dans ma mémoire, déshabillé complètement , face au mur, les yeux bandés, je sentis le canon froid d’un revolver sur ma nuque…..mais le soldat ne tira pas . pourquoi ? je ne le saurais jamais. J’étais vivant mais cette arme sur ma nuque me hantera toujours.

Ma peine fut commué en bagne à vie , à la forteresse de Glatz. « Tu crèveras la dedans » me cracha à la figure un SS. Qui n’a pas passé le porche d’un camp , ne peut pas comprendre ce que l’on ressent,…. la peur, la haine,……… l’indifférence voir l’hostilité de ces inconnus. Bien sûr, ce camp n’était ni Auschwitz ou Mauthausen, mais ces petits camps étaient des annexes et des commandos de travail de ces grands camps ou la répression était érigée en système. Il n’y avait pas de chambre à gaz mais le but était le même : notre extermination. Mourir de façon rentable, par le travail , l’exploitation, le manque de nourriture, les conditions d’hygiène, la promiscuité morbide,….minés par la maladie, la diarrhée, le typhus, dévorés par les poux, les punaises, la vermine…..odeur de tombeau et d’horreur….épouillage, tonsure, costume de bagne, matricule 151832 autour du cou…. « racaille française » avec un triangle rouge et un F peint sur le dos …… on vivait chacun pour soi, dans l’atroGrascité, la barbarie, l’isolement sauvage… Ma vie n’était faite que d’ombres et de cris : bruits des portes qui s’ouvrent et se referment, hurlements de fous, cris déchirants de détenus torturés, plaintes ressemblant à des râles. Et pour ajouter à cette situation tragique, l’incertitude du lendemain, le poteau ou le bagne. ……….Des interrogatoires fréquents interrompaient notre sommeil.

Je redoutais par-dessus tout les interminables appels en rang, nus, exténués, au garde à vous pendant des heures….Je n’étais plus conscient de la défaillance physique dans laquelle je m’enfonçais toujours davantage. Privé de nourriture et soulé de travail et de coups, je subissais sans aucune réaction…











ce témoignage très dur a été écrit à partir de l'interview de Monsieur Tiné venus nous rencontrés alors que nous étions en cinquième, et du livre de ses souvenirs "Le silence qui durait 40 ans".

photo1 : site mairie de Metz
document 2 : affiche de propagande de la Hitler Junge
dessin 1 auteur inconnu : le voyage vers les camps.
dessins 2 et 3, d'Henri Gayot, déporté au Struthof en Alsace.
dessin 4 d'un enfant de Térezin
cet article a été écrit d'après les souvenirs de monsieur Tiné.



Adolescents du camps de Mauthausen




A Mauthausen, existait dès 1940, un kommando spécial de jeunes d' une cinquantaine environ de jeunes espagnols fuyant la dictature de Franco et réfugiés en France. Ils ont été affectés à l'entreprise Poschacher, une carrière de pierre . Dès leur arrivée et conscients de leur faiblesse, ils se sont organisés en réseau de solidarité pour se protéger les uns les autres. Les apprentis ont été libérés du camp en Octobre 1944 et ont continué à travailler pour la société en tant que civils. Dans les années suivantes, ce sont principalement des adolescents de Pologne et l'Union soviétique qui sont déportés dans ce camp . L'hiver 1944-45, près de 20% des détenus ont au-dessous de 20 ans, affectés à des travauxGras
forcés dans l'industrie de l'armement et dans le travail de tunnels.

Ailleurs, les jeunes ont été soumis au même régime que leurs aînés, un travail très pénible, maigres rations alimentaires, insultes et humiliations
photo une : jeunes déportés soviétiques du camps de Mauthausen.
photo deux : trois jeunes déportés de Mauthausen photographiés par les Américains à la libération du camp en 1945

le tri


Une fois arrivé au camps, les nazis, procédaient par un grand tri.
Les prisonniers descendaient du train à bestiaux, et passaient devant un médecin qui jugeaient s' ils étaient "utilisables" ou non. Ils séparaient donc le groupe de déportés en deux : d'un côté les valides, ceux qui vont travailler, de l'autre les personnes âgés, les femmes enceintes, les personnes qu'on jugeait incapable de produire, et bien sûr les enfants, eux étaient exterminés.

« En plein jour on amena 600 garçons juifs âgés de douze à dix-huit ans. Ils portaient des uniformes de prisonniers, longs; très peu épais, ils avaient aux pieds des souliers usés ou des galoches. [...] Quand ils arrivèrent sur la place, le commandant leur ordonna de se déshabiller. Les garçons remarquèrent la fumée qui sortait de la cheminée et comprirent aussitôt qu'on allait les mettre à mort. Ils se mirent à courir en tous sens sur la place, fous de désespoir, et ils s'arrachaient les cheveux sans savoir par où s'enfuir; Beaucoup éclatèrent en sanglots incontrôlables, hurlant des appels au secours incontrôlables, hurlant des appels au secours qu'on pouvait entendre de très loin. « Les garçons se déshabillèrent avec la peur instinctive de la mort. Entièrement nus, ils se pressèrent les uns contre les autres pour éviter les coups et restèrent là, dans une immobilité absolue. Un garçon courageux alla trouver le commandant _ qui se tenait près de nous _ et lui demanda de lui laisser la vie sauve, lui promettant d' effectuer tous les travaux plus durs. Pour sa peine, il reçut des coups de trique sur la tête. « Beaucoup de garçons se précipitèrent vers les Juifs du « commando spécial », se jetèrent à leur cou et les supplièrent de les sauver. D'autres couraient, nus, dans tous les sens sur la grande place (pour éviter la mort). Le commandant appela à la rescousse un sergent SS armé d'un gros gourdin. « Quelques garçons continuaient à courir sur la place et tentaient de s'enfuir. Les SS les pourchassèrent, frappant au hasard, jusqu'au moment où ils redevinrent maîtres de la situation et les firent enfin tous entrer dans le bunker. Leur joie était indescriptible. N'avaient-ils donc jamais eu d'enfants ? »
Pour des raisons quelconques, il arrivait qu'un groupe d'enfant ne soit pas mis de côté pour servir à "autre chose " , des expériences médicales notamment ou comme domestiques des kapos.

sources :"Dites-le à vos enfants » Histoire de la shoah en Europe, 1933-1945 Préface de Serge Klarsfelf Stéphane Bruchfeld et Paul A. Levine édition : Ramsay

Ravensbrück et son camps pour adolescentes, Uckermark.




Ravensbruck est situé dans le nord de l'Allemagne. Il a été créé en 1938 . c'est un camp quasi exclusivement féminin. Une autre caractéristique de ce camp était le fait que des centaines d'enfants y étaient prisonniers. Le camp fut constamment agrandi. L'entreprise Siemens-Halske fit construire aux abords du camp 20 halls de production, dans lesquels les détenues étaient contraintes de travailler. Au cours de la guerre, plus de 70 camps annexes vinrent s'agréger au "camp-mère" de Ravensbrück, répartis sur l'ensemble du Reich. Les femmes y étaient essentiellement exploitées au profit de l'industrie de guerre.


Plan du camp:

1. Cellules
2. Kommandantur
3. Camp des femmes
4. Camp des hommes
5. Camp de jeunesse Uckermark
6. Installations SS (ateliers)
7. Installations SS (ateliers)
8. Entreprise Siemens (baraques de travail)
9. Entreprise Siemens (camp de prisonniers)
10. DAW (travaux d'équipement allemands)
11. Entrepôt de butin SS.
12. Logements SS .
13. Chambre à gaz .
14. Crématoire.










Le camp de concentration d'Uckermark (numérotée 5 sur le plan), est construit au printemps 1942, sur ordre de la Police Criminelle du Reich, à 1,5km du camp de concentration de Ravensbrück, par les prisonniers hommes de ce camp. C’est un « Jugendschutzlager Uckermark » ou « camp pour la protection des jeunes ». Ainsi, 6 baraques, chacune entourée d’une clôture de fils de fer barbelés sont construites dans une zone de bois marécageux. (Les SS en avaient prévu 12).

Uckermack était un camp de concentration pour les jeunes filles âgées de 16 à 21 ans, bien qu'il est était prouvé que des petites filles âgées de 8 ans ont été emprisonnées dans ce camp.
Ce camp est destiné, d’après un décret de 1937, aux jeunes filles allemandes classées comme « asociales » et « cas désespérés » par le régime : c’est-à-dire chaque jeune fille qui ne correspondait pas à la norme de la « communauté populaire nationale socialiste » (« nationalsozialistische Volkgemeinschaft »). Il s'agit, par exemple du refus de travailler, d’alcoolisme de parents, de prostitution, de rébellion et de fuite devant les contraintes astreignantes de l'assistance publique… Les filles qui ne répondent pas à l'idéal féminin sont envoyées dans le camp en tant que « délinquantes sexuelles ». Pendant la guerre, les contrôles de la police et de l'assistance publique sur la jeunesse inadaptée sont renforcés. Ainsi, le fait d'aller au dancing, de consommer de l'alcool, d'enfreindre l'autorisation de sorties nocturnes, l'appartenance à la « jeunesse swingante» (« Swingjugend »), l'amitié avec des personnes juives, ou le refus d'entrer dans « la ligue des jeunes filles allemandes » (Bund deutscher Mädchen) constituent des cas d’internement. Déportées sont aussi les filles dont les parents luttent dans la résistance, ou qui sont elles-mêmes dans l'opposition ou actives au sein de la résistance.
Comme les autres déportées, elles perdent leur nom et porte un numéro. La vie quotidienne des filles n'est pas différente de celle des autres camps de concentration:Faim permanente ;travail forcé à l’usine Siemens et dans les grands domaines agricoles ;appels incessants et prolongés ;répression arbitraire et permanente pour la moindre « transgression » ; interdiction de parler pendant 24 heurs d’affilée…
Après la guerre, le camp a été utilisé comme hôpital puis les bâtiments ont été brûlés. Aujourd'hui, seules quelques fondations sont encore visibles.

Les Docteurs Robert Ritter et Eva Justin sévissent à Uckermark et se plaisent à « examiner » les déportées, n’hésitant pas à en stériliser de force, à en envoyer dans les camps d’Auschwitz, Dachau, Ravensbrück et Buchenwald pour y être mises à mort, où à les interner dans des centres pour malades mentaux où elle seront gazées.


"Lorsque je pris en charge le camp d’Uckermark, il s’y trouvait environ quatre mille détenues de toutes nationalités. Environ six semaines après, je fus déplacée et quittai Uckermark. A ce moment, il restait à peu près mille détenues. Ce sont donc trois mille femmes qui ont été sélectionnées pour le gazage pendant mes fonctions à Uckermark... Chaque jour, je faisais ainsi une liste de cinquante à soixante femmes, qui devaient prétendument être transférées au camp de Mitwerda. Ce camp n’a jamais existé. C’était une invention de Schwartzhuber pour cacher aux détenues qu’elles allaient être gazées... »
Ruth Closius Neudeck, Surveillante du Camp d’Uckermark. Procès de Ravensbrück à Hambourg 1946-47.

Entre 1939 et 1945, 132 000 femmes et enfants, 20 000 hommes et 1000 adolescentes du "camp de protection pour jeunes" d'Uckermark y furent enregistrés comme détenus. Entre 1 000 et 1 200 filles et jeunes femmes y seront encore détenues jusqu'en avril 1945, au moment de la libération par l'armée rouge.

Enfants de Ravensbrück, enfants perdus des camps.....



Les témoignages les plus anciens remontent à 1942. Des prisonnières affirment avoir vu des petites tsiganes de neuf et dix ans. Elles étaient attachées à l'atelier de couture, dirigée par la surveillance SS Massar. On leur apprenaient à coudre, et les prisonnières en profitaient pour leurs enseigner en même temps l'écriture et la lecture. Une petite allemande, plus jeune, a aussi été remarqué.
Un peu plus tard, la présence de sept petits Russes de dix à treize ans fut mentionnée au Block 1. C' est en 1942 et 1943, que des enfants tsiganes, juifs et demi-juifs, commencèrent réellement à vivre au camp souvent de nationalité polonaise. Ils n'étaient que rarement accompagnés de leur famille et finissaient toujours par disparaître.

Les enfants avaient au camp le même régime que les adultes. Aucun adoucissement ne leur était accordé.
A leur arrivée, ils étaient généralement dépouillés, rasés et fouillés comme les adultes, et recevaient, selon les époques, un uniforme rayé bien trop grand pour eux.. Les enfants étaient présents aux appels. Le matin, ils se levaient aux hurlements de la sirène, à 3 h 30 ou 4 heures selon les périodes. Ils recevaient une tasse du breuvage appelé café et sortaient, dans le froid, qui atteignait moins 33°c, sous la neige, la pluie et le vent glacial de la Baltique. Il fallait rester immobile, debout pendant une heure, deux, et parfois davantage. Les vêtements restaient mouillés pendant plusieurs jours. A la fin de l’appel, ils retournaient à leur Block, les plus grands poussant les plus petits. Enfin, la majeure partie du temps de beaucoup d’entre eux se passait sur la paillasse. Ils étaient trop affaiblis pour se livrer à la moindre activité. Seule la solidarité qui régnait entre les prisonnières permit d’entourer un peu ces enfants.
Les archives du camp ayant été détruites, il est impossible de préciser le nombre des enfants, estimé par les survivantes entre 1000 et 2000.


Un degré supplémentaire dans l’horreur a été accompli par les nazis avec les expériences de stérilisation de petites filles tziganes. Le but était de découvrir les méthodes les plus rapides et les plus efficaces pour stériliser des millions d’êtres humains appartenant aux races « inférieures ». 120 ou 140 petites Tziganes furent opérées du 4 au 7 janvier 1945. Les plus jeunes n’avaient que huit ans. C’est ainsi qu’au Block 9 fut hospitalisée une petite fille de douze ans, avec une énorme plaie ouverte au ventre, qui ne cessa de suppurer terriblement. Les médecins et infirmières prisonnières du Revier estimaient que cette plaie correspondait à une hystérectomie. Mais pourquoi la plaie n’avait-elle pas été recousue ? La petite fille mit plusieurs jours à mourir dans d’atroces souffrances. A la libération du camp, toutes ces malheureuses fillettes avaient disparu, vraisemblablement gazées. Ci dessus, la photo d'une jeune fille tsigane internée au camps de Moisdon la rivière avant sa déportation.


La mortalité des enfants étaient très importante. A l'approche de l'armée russe, les allemands commencèrent à évacuer les camps. Le nombre d'enfants augmenta encore, on en compta environ 500. Ils étaient seuls et devaient souvent se débrouiller sans une quelconque aide. La seule exception connue fut un groupe d'enfants russes venant d' Auschwitz encadré par une femme qu' ils nommaient « mère », de plus les femmes soldats russes économisaient sur leur ration pour qu'ils puissent manger un peu plus .

Si notre article sest consacré aux enfants de Ravensbrück, la plupart des photos ont été prise à Auschwitz-Birkenau .


Marcel Ruby « Le livre de la Déportation » ; Germaine Tillion « Ravensbrück ».
photos prises à Auschwitz-Birkenau.

les nouveaux-nés de ravensbrück


Il y eut des femmes enceintes dès le début de la constitution du camp.

On ne fut pas pour autant plus clément avec elles. Elles travaillaient et faisaient l'appel jusqu'au dernier jour. Lorsqu'elles étaient à terme, elles accouchaient à l'hôpital de Tremplin, puis revenaient au camp. L'enfant était confié à une « National Sozialistische Verwaltung» [administration nazie].
En 1942, la conception du camp changea. Le but de rééducation fut remplacé par celui du rendement. On nomma le docteur Rosenthal son rôle était de faire avorter les femmes enceintes de moins de huit mois, et surtout les femmes allemandes dont la progéniture aurait du sang étranger. En 1943, le docteur Treite succède à Rosenthal. L'idée d'avortement est abandonné, les nouveaux-nés sont étranglés ou noyés devant leur propre mère. À la fin de la même année, d'une nouvelle décision permit de laisser les nouveau-nés en vie, mais rien n'était prévu pour les accueillir. Les mères étaient sensées les nourrir au sein, mais étant dans l'incapacité à produire du lait, ou alors un lait très pauvre, les bébés ne survivaient que rarement.
C'est seulement en septembre 1944 que fut créée une chambre spéciale pour les enfants. La « Kinderzimmer » (chambre d'enfant) fut installée dans une très petite pièce d'un Block de malades. On y couchait jusqu'à dix bébés par lit. Les nouvés-nés sains dépérissaient très vite et mourraient vers l'âge de trois mois grand maximum de faim, de diarrhées, de pneumonie, etc.
De 1943 à 1945, 863 enfants à Ravensbrück, presque tous morts de faim et de froid. Seuls ont survécu quelques bébés nés dans les derniers mois, dont 3 Français : Sylvie, Guy et Jean-Claude.

Un grand convoi, estimé à 2 000 femmes et enfants de tous âges, fut dirigé vers Bergen-Belsen. Si bien qu'au début de mars 1945 ils ne restaient plus que quelques femmes et nourrissons. Plusieurs femmes et enfants furent encore gazés. Seuls ont survécu quelques bébés nés fin mars ou début avril.

Mengele à Auschwitz


Joseph Mengele (1911-1979) arrive à Auschwitz le 30 mai 1943, avec la fonction de médecin-chef de Birkenau. Que fait-il à Auschwitz ?

Il fait des études de philosophie et de médecine, et dirige à 32 ans le laboratoire de recherches raciales de Francfort. En 1935, Mengele a soutenu sa thèse d'anthropologie qui porte sur l'« examen radiomorphologique de la partie antérieure de la mâchoire inférieure dans quatre groupes raciaux ». Ses conclusions, absurdes d'un point de vue scientifique, veulent prouver la "supériorité" de l'Européen de type nordique, incarnation parfaite de la race aryenne.


Il participe aux sélections des déportés « valides au travail » à l'arrivée des convois. Il déploie ici une énergie et un zèle peu commun afin de remplir les chambres à gaz. Des témoins l'ont vu abattre lui même une mère qui refusait d'être séparée de ses enfants. Il utilise les déportés pour ses expériences médicales. Il examine ses cobayes, les mesure, les tue pour disséquer leur cadavres.



Otto klein, né en 1932 en Hongrie, a été sélectionné avec son frère jumeau. Il raconte son expérience au block du docteur Mengele. (récit d'après interview)


" Nous avions douze ans .


Avec nous, le docteur jouait le gentleman. On ne peut rien dire la dessus.


Mengele examinait le nez, les oreilles, la tête, les bras, même le petit doigt… . Nous sommes restés Sept mois au camps à une période ou il y avait déjà beaucoup moins d'expériences, la fin de la guerre approchait. Nous ne savons pas exactement ce qu'on nous a fait .....Un jour, il a mis un produit dans les yeux et cela m’a brûlé plusieurs jours. Aujourd’hui, je suis malvoyant. Un professeur m’a dit que ma vue avait été endommagée par les expériences. "


Les premiers jours, nous répondions à des questions administratives, lieu, date de naissance… Nous avons pu gardé nos habits, nos cheveux. Au bout du troisième jour, nous avons été tatoués, voyez: A-5332. Le matin, on nous appelait, il fallait aller chez l’ophtalmologue, le dentiste. C’était programmé. Nous avions beaucoup d'examens mais beaucoup moins que les filles.... contrairement aux autres prisonniers, nous , on ne travaillait pas. Mais on vivait face au crématoire III, on voyait des files entrées et disparaître, de grandes flammes tout le temps...."

Vous trouverez l'ensemble de son inteview filmé en 1996 en cliquant sur le lien suivant : http://www.memorialdelashoah.org/q_conference/popConference.do?id=33
Sur plus de soixante (au moins ) paires de jumeaux sélectionnés, seuls sept sont survivants à la libération.

Elisabeth et Perla Moshkowitz, deux jumelles naines ayant survécues aux expériences de J. Mengele.


Ces expériences n'apportent rien, ne débouchent sur rien, mais il les continue, dans une sorte de délire, d'obsession. Son objectif est de faciliter la reproduction des soi-disant "êtres supérieurs que seraient les "aryens", les Allemands. Il fait une sorte de catalogue des traits physiques mais n'est aucunement un précurseur de la génétique. C'est plutôt une sorte de collectionneur d'anomalies physiques. Il a particulièrement étudié une maladie appelée le Noma , qui affectaient des enfants du camp gitan. Tandis que la cause de Noma demeure relativement inconnue, on sait maintenant qu'il touche principalement des enfants souffrant de la malnutrition et d'un système immunitaire faible, et beaucoup développent la maladie peu de temps après ayant souffert une autre maladie comme la rougeole ou la tuberculose . Mengele a essayé de montrer que Noma a été provoqué par infériorité raciale.

C’est ainsi qu’à Auschwitz existait un « jardin d’enfants », avec crèche, bac à sable, balançoires…, où étaient regroupés des jeunes enfants de moins de 6 ans, beaucoup de jumeaux, pour percer le mystère de la gémélité et ainsi multiplier la race aryenne, futurs cobayes du docteur MENGELE. Dans un premier temps, les enfants reçoivent lait, beurre, pain blanc, bouillon de viande et même chocolat. Mengele est même décit comme bon et gentil. Il apportait jouets et fraindises aux enfants qui l'appelaient "papa" ou "oncle". Ce jardin d'enfant devient une vitrine de propagande nazie et était souvent visité par les SS de haut rang.

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Le médecin, a pratiqué des expérimentations pseudo médicales d’une grande cruauté : 90 castrations, 10 ablations d'ovaires et une ablation de l'oviducte .Il aurait effectué des expériences en chirurgie sans anesthésie, des transfusions de sang d'un jumeau à l'autre, la réaction à différents stimuli, des injections létales aux germes, les opérations de changement de sexe, le prélèvement d'organes et de membres....... Des jeunes filles tziganes, parfois des fillettes, ont été passées avec d’abominables souffrances, aux rayons X dans le but de les stériliser ou opérer et laisser pliae béante comme décrite dans un autre article.
ci contre, photo d'enfants castrés.



Des enfants ont été transférés d’Auschwitz à Neuengamme pour y subir l’inoculation de la tuberculose.




« Je me rappelle la petite Dagmar. Elle était née à Auschwitz en 1944 de mère autrichienne et j'avais aidé à la mettre au monde. Elle est morte après que Mengele lui eut fait des injections dans les yeux pour essayer d'en changer la couleur. La petite Dagmar devait avoir des yeux bleus !... » Témoignage d'Ella Lingens, infirmière polonaise déportée à Auschwitz, cité par H. Langbein, Hommes et femmes à Auschwitz, Paris, Fayard, 1975





Edouard, Elisabeth, et Alexander Hornemann. Les garçons, victimes des expériences médicales sur la tuberculose au camp de concentration de Neuengamme, furent assassinés peu avant la libération.



H. Langbein, Hommes et femmes à Auschwitz, Paris, Fayard, 1975 .


Guenter Lewy , La persécution des tziganes par les nazis, Les Belles Lettres, 2003.

les expériences du SS Kurt Heissmeyer à Neuengamme


Dans le camps de concentration de Neuengamme, à la périphérie de Hambourg,un groupe de vingt enfants juifs, dix filles, dix garçons, de cinq à douze ans servaient de « cobayes » à des expériences médicales conduites par le médecin SS Kurt Heissmeyer.

Par exemple, Il avait procédé à l'ablation des ganglions lymphatiques sur ces enfants et leur avait injecté le bacille actif de la tuberculeuse par piqûres intradermiques. Il avait aussi introduit le bacille directement dans les poumons de plusieurs d'entre eux à l'aide d'une sonde.

Il fut interrogé en 1946, et Heissmeyer, se justifia en expliquant que pour lui « il n'y avait aucune différence entre les juifs et les animaux. ».

Ces enfants ont été pendus le 20 avril 1945.Leurs médecins détenus les droguèrent avant la pendaison pour leur épargner un peu de souffrance. Il s'agit de :

Mania Altmann, 5 ans. Lelka Brinbaum, 12 ans Surcis Goldinger, 11 ans. Riwka Herszberg, 7 ans Alexander Hornemann, 8 ans Edward Hornemann, 12 ans Marek James, 6ans W. Junglieb, 12 ans Lea Klygermann, 8 ans Georges-andré Kohn, 12 ans Blumel Mekler, 11 ans Jacqueline Morgenstern, 12ans Edward Reichenbaum, 10 ans H. Wassermann, 8 ans Eleonora Witonska, 5ans Roman Witonski, 7 ans Roman Zeller, 12 ans Ruchla Zylberbeg, 9 ans.

Le lendemain ,les corps furent incinérés . Cette établissement se nomme de nos jours, « l'école Janusz-Korczak ». Pour ce souvenir de ces enfants on y a planté une petite roseraie.

une jeune fille à Auschwitz, Nadine Heftler témoigne.....


Nadine Heftler est restée 9 semaines au bloc des enfants de Birkenau, où elle est entrée début novembre 1944. Elle avait alors 15 ans.

Son livre, "Si tu t'en sors... Auschwitz, 1944-1945",est le récit des onze mois passés dans les camps nazis et publié tel qu'il a été écrit en 1946, peu après son retour en France, sous la forme d'un dialogue avec ses parents, avec son père dont elle fut séparée immédiatement, avec sa mère qui, épuisée, fut gazée à son arrivée.

Un rapport sur l'emploi des détenus. du 30 août 1944, précise le nombre d'enfants à Auschwitz-Birkenau:
« Au camp de concentration A II, il y avait 619 garçons de 1 mois a 14 ans, dont 187 étaient détenus au camp B I pour les femmes, 204 au camp de quarantaine B II a pour les hommes, 175 au camp B II e pour les hommes. 4 au camp juif B II e pour les hommes et 49 jumeaux destinés à des fins expérimentales au camp-hôpital B II f pour les femmes. Par ailleurs, il y avait un groupe à part de plus de 300 jumeaux sélectionnés comme cobayes pour les expériences du Dr Mengele. De tous ces jumeaux. il n'en restait qu'une centaine en vie a l'évacuation du camp, le 17 janvier 1945. "

(Extrait d'« Enfance Martyre ». Ed. Interpress, 1981 Bibliothèque de l'Amicale)

Le « block d'enfants » de Birkenau était initialement prévu pour recevoir des jumeaux, aryens ou juifs, sur lesquels les Allemands étaient sensés faire des expériences médicales dans l'espoir d'augmenter, à l'infini, le nombre de naissances de la race dite « supérieure ».

"II se trouve que je fus admise dans ce block n° 12 de Birkenau, après avoir été sélectionnée quelques jours auparavant pour la chambre a gaz... Nous sommes à l'automne 1944.


Autour de moi, je ne vois que des enfants de trois à huit ans environ, qui malgré les "Ruhe Kinder" s'interpellent d'un lit à l'autre. On entend aussi les pleurs de certains enfants, qui sont presque encore des nourrissons.

Les enfants sont déjà tous éveillés et excités lorsque retentit le «Aufstehen » qui marque le début de la journée.

Garçons et filles s'habillent le plus vite possible ; ils n'ont certes ni chemise de nuit, ni pyjama, mais suffisamment de couvertures pour enlever leur chandail pendant la nuit. Des enfants de quatre ans s'habillent seuls, mais un autre d'environ un an et demi est aidé par une fillette de douze ou quatorze ans. La solidarité qui existe entre les enfants est touchante. Chaque fillette à partir de l'âge de dix ans « adopte » un enfant plus jeune et s'occupe de lui, tout au long de la journée, pour l'aider à s'habiller, se laver, manger, etc.

Le block en bois, construit sur le modèle des Reviers (
ce qui sert d'infirmerie) est clair, et les deux rangées de coïas à trois étages peints en blanc, alignées de part et d'autre du grand «banc » de pierre qui parcourt toute la largeur du block, sont presque agréables à regarder. Chaque paillasse est recouverte d'une couverture rose, bleue, verte blanche ou jaune, impeccablement pliée aux quatre coins.

Le matin, tout le monde se met en rang. Nous devons être environ deux cents « enfants ». On se rend aux douches tout à côté. Quel plaisir que d'avoir un quart d'heure officiellement consacré à sa toilette! Bien que pour l'instant nous soyons privés de savon et de serviette. II fait très froid, (la neige commence à tomber et l'eau est glacée) ; dans quelques jours on nous distribuera du savon.

Aux fenêtres et aux entrées du « Waschraum », des femmes éperdues font des signes désespérés aux enfants. Ce sont des mères qui ont, avec grande peine, trouvé le moyen de venir embrasser leur cher petit avant de partir au travail. Elles leur disent quelques mots, leur glissent entre les mains un morceau de pain avec une ration de margarine qu'elles ont économisé si difficilement: puis elles repartent s'enfermer dans la neige et le froid.

Et, pour être allées embrasser leur enfant, elles seront battues par une kapo !

L'enfant complètement ahuri par ce flot de paroles que vient de déverser sa mère reste immobile, le morceau de margarine entre les doigts. Sa mère est déjà loin, lorsque, incapable de manger, il reste cloué à terre, les yeux perdus dans un rêve lointain. Essaye-t-il d'imaginer l'enfance à laquelle il a droit? Ou bien, par un grand effort de mémoire, tente-t-il de se rappeler l'époque lointaine, si lointaine qu'il parvient à peine à la revivre, où il essayait de grimper sur les genoux de sa mère?

Peut-être ce petit hongrois revoit-il le champ de blé où il accompagnait ses parents au moment de la moisson? Et cette petite fille allemande aux nattes blondes (les enfants allemands étaient ceux des prostituées et des « droits communs ») essaye-t-elle de se remémorer le trottoir sale, où elle jouait dans un faubourg de Berlin?

Ce petit russe, qui ne doit pas avoir plus de 6 ans, ne se laisse pas impressionner et mord à pleines dents dans un croûton de pain que sa mère, une paysanne, vient de lui apporter en courant. Et ce petit garçon, polonais juif, ne connaît pas ses parents , « il ne sait pas s'il en a...».

En fait, tous ces « enfants » ne sont déjà plus des enfants, et certains ne l'ont probablement jamais été. Ils savent rire, certes, mais leur rire sonne faux. Aucun ne sait jouer, car on ne le leur a pas appris, et ils n'ont pas assez de force pour l'inventer. Ils restent assis pendant des heures au même endroit, sans bouger, sans rien faire. Ils ont un visage pâle et inexpressif, que deux grands yeux noirs et inquiets n'éclairent pas. Pleurer pour eux, est aussi rare, que rire...

Ces enfants, venus d'une Europe entière et qui, par miracle, n'ont pas été brûlés vifs à l'arrivée au camp, se sont retrouvés dans ce block 12 de Birkenau et ne se sont sans doute jamais demandés pourquoi ils se trouvaient là... puisqu'ils n'avaient jamais rien connu d'autre...
"


ce témoignage semble indiquer que les expériences médicales n'avaient plus à Auschwitz fin 1944.

Thomas Geve dessine......





Thomas Geve (photographié en 2005) a un destin tout à fait unique.
Arrêté en juin 1943 avec sa mère, il est déporté à Auschwitz et miraculeusement jugé apte au travail malgré ses treize ans certainement à cause de sa grande taille . En janvier 1945, devant la progression des Soviétiques, il fait partie de la Marche de la mort, dans le froid glacial ( jusqu'à -20°) et la neige, sans manger ou presque, pendant une dizaine de jours. Tout détenu perdant du terrain sur le groupe est abattu par les Nazis. Certains sont malades, souffrent de dysenterie……Beaucoup ne survivront pas….
Les détenus enfin arrivent à Buchenwald. Le 11 avril 1945, à l'approche des Américains, les détenus libèrent le camp au moyen d'armes enterrées par la Résistance mise en place depuis longtemps dans le camp.




Thomas Geve est trop faible pour être évacué tout de suite. Pendant un mois, il reste à l'infirmerie de Buchenwald et fait 79 dessins résumant ce qu'il a vu, entendu, retenu durant sa détention à Auschwitz, à Gross-Rosen et à Buchenwald, sur la barbarie nazie mais aussi sur la solidarité qui naît de la plus extrème misère.
Il nous laisse imaginer le cauchemar au quotidien, la souffrance des corps, l'univers concentrationnaire, la mort à perte de vue, la disparition des siens, l'enfance dévastée , les cris de la libération... Ce carnet de "voyage" de l'enfer des camps est un témoignage unique dans l'histoire de la déportation des enfants et des adolescents

Vous trouverez sur ce lien , un petit reportage de la chaine locale Nantes7 sur l'exposition conscarée à Thomas Geve .
http://www.youtube.com/watch?v=GptQVchUwWU



sont dessinés : le tri à l'arrive du train, l'appel et la libération du camps de Buchenwald le 11 avril 1945